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Le dernier habitant de "La Folie", nouvelle de juin

7 Juin 2009, 03:49am

Publié par Actu.Saint-Bénigne

Après le déboisement du début du 18me siècle, libérant les pâturages le long de la Saône, Jean Michel, un riche négociant d'Uchizy, a fait élever la ferme de la "Folie" sur les terres d'Arbigny, alors annexées par les chazerots (habitants d'Uchizy).
Erigée vers 1770, quelques centaines de mètres en aval du premier pont d'Uchizy qui ne sera construit qu’en 1865, l'immense bâtisse se dressait encore fièrement sur les rives du fleuve, il y a quelques

La ferme de la folie, aujourd'hui. décennies. Conçue pour affronter les caprices de la Saône, dans une architecture de « maison forte », elle disposait en étage sur ses ailes sud et Nord, d’immenses greniers à fourrage et à bois encadrant le logis des paysans (au centre). La « Folie » a, durant deux siècles, abrité des familles d'agriculteurs, tour à tour propriétaires ou métayers. L'un des derniers occupants, Henry Mariller, s'est installé là en 1933, avec son épouse.  

Né en février 1947, Robert Mariller, le deuxième fils d’Henry, a vécu toute son enfance dans la ferme de la Folie.

Souvenirs
:

"Le syndicat d'élevage de Sermoyer, Uchizy et Arbigny, gestionnaire du domaine avait, bien avant la guerre de 39/45, embauché mes parents pour garder un troupeau de jeunes bêtes âgées de 1 à 3 ans. Un espace leur était réservé avant la fenaison. Puis, les foins coupés, l'immensité de la prairie était à leur disposition. A l'époque, la route départementale n'était qu'un sentier. Mon frère aîné, né en 1937, a dû grandir très vite pour venir aider mon père dans sa tâche. Ils se faisaient aider de deux chiens". Raconte Robert Marillier qui viendra, plus tard, renforcer l'équipe de gardiens de troupeau. Les Mariller resteront 30 années à « La Folie », un bail seulement interrompu par l’absence du père, pendant la guerre. "Dans la ferme il n'y avait ni électricité ni eau courante. Nous nous éclairions à l'aide de lampes à pétrole. Nous avions des lampes tempêtes pour nous déplacer à la tombée de la nui. Nous puisions l'eau d'un puits pour les besoins ménagers et la toilette. Par économie, nous ne la faisions pas chauffer. Seule commodité, un four à pain. Nous logions à l'étage à cause des inondations. Il y avait une grande et haute salle avec une immense cheminée d’où la fumée s’échappait. Nous avions du mal à nous chauffer. A l'automne, avec le brouillard, l'humidité

Robert Mariller
devant les ruines de sa maison natale.

La grande salle à l'étage
et son four encore debout (1983)

ruisselant sur les murs de pierres, nous ne trainions pas, le soir, pour nous mettre au lit".
La famille Mariller devait aussi affronter les inondations. A chaque hiver, la Saône sortait de son lit. Ses flots envahissaient le rez-de-chaussée. Mais iIl n'était pas rare qu'ils atteignent le niveau du plancher. Il fallait alors déménager. Aux premiers signes de crue, le troupeau était évacué. Mais la famille Marillier possédait quelques bêtes, des volailles, du matériel pour l'exploitation de la dizaine d’ares qui lui était réservéee. "Nous nous réfugions alors dans un bâtiment mis à notre disposition à Uchizy, se souvient Robert. Lorsque la côte d'alerte était atteinte, les gendarmes venaient nous prévenir. Les pompiers arrivaient. Ils chargeaient notre matériel et nos bêtes sur la plate pour traverser la Saône. Il n'y avait pas d'autre possibilité. L’eau arrivait si vite, elle s’étendait sur des kilomètres et son niveau était si élevé qu'elle coupait la route du pont, du côté d’Uchizy ».

Ce pont a été bombardé pendant la guerre et il est longtemps resté fermé (ndlr).

« C'est par la même voie, traversant la Saône et souvent en bateau, le vélo posé au milieu de l'embarcation, que chaque matin je me rendais à l'école à Uchizy. Sauf au moment des crues, cela devenait trop dangereux".
Robert a quitté la ferme de la Folie en 1963, après le décès accidentel de son père.


Exposition sur la Saône
A partir de ce dimanche 7 juin, à partir de 9 heures à la bibliothèque municipale.
La vie sur le fleuve et ses rives y est rappelée. Une documentation sur la ferme de la Folie, l'histoire du pont et des gués d'Uchizy peut être consultée.

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